Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/92

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nature, ni des dogmes de la religion, puiſque des peuples innombrables vivoient indépendans & ſans culte, on a découvert les vices de la morale & de la légiſlation dans l’établiſſement des ſociétés. On a ſenti que ces maux originels venoient des fondateurs & des légiſlateurs, qui, la plupart, avoient créé la police pour leur utilité propre, ou dont les ſages vues de juſtice & de bien public avoient été perverties par l’ambition de leurs ſucceſſeurs, & par l’altération des tems & des mœurs. Cette découverte a déjà répandu de grandes lumières : mais elle n’eſt encore pour l’humanité que l’aurore a un beau jour. Trop contraire aux préjugés établis, pour avoir pu ſi-tôt produire de grands biens, elle en fera jouir, ſans doute, les races futures ; & pour la génération préſente, cette perſpective riante doit être une conſolation. Quoi qu’il en ſoit, nous pouvons dire que c’eſt l’ignorance des ſauvages qui a éclairé, en quelque ſorte, les peuples policés.

V. Les François prennent part, mal-à-propos, aux guerres des ſauvages.

Le caractère des Américains ſeptentrionaux, tel qu’on vient de le tracer, s’étoit ſinguliérement développé dans la guerre