Page:Raynal - L’Homœopathie, épître à Mme, 1854.djvu/7

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 2 —

Mais je me vois alors rudement ausculté !
Chacun voudra savoir quel démon j’ai dans l’âme :
— « De quel droit, dira-t-on, formule-t-il un blâme ?
« Est-il membre connu de quelque Faculté ?
« Tripoteur d’empyreume ? élève en médecine ?
« Réjouit-il le flair d’un parfum d’officine ? »

Voilà de quoi glacer tous mes sens ébahis :
Que répondre, Madame ? — et pourtant j’obéis !



II.

Le monde en a fini de la méthode ancienne,
Battue et mise à mort dans un récent Congrès.
D’un grand homme, toujours, Dieu date le progrès :
Hippocrate eut son ère, Hahnemann a la sienne.
Vainement le génie ose évoquer le temps :
Jusqu’au moment venu le ciel répond : « Attends. »
Comme aussi, malgré tous, rayonne triomphante
La vérité promise au siècle qui l’enfante.
Qu’on n’espère donc pas désormais étouffer
L’arbre que trois mille ans ont pris soin de greffer !
Les trésors d’avenir que l’art nouveau renferme
Ont aux mains d’Hippocrate accouché d’un faux germe :
N’ayant pu qu’entrevoir ce qui pour nous est clair,
Il fut, au sein de l’ombre aveuglé par l’éclair.
Les temps n’étaient point mûrs. L’immense découverte
Eût avorté plus tôt sur sa tige trop verte ;
La science, les mœurs, l’être, tout dût changer
Pour qu’un tel monument s’élevât sans danger.
Bien loin de notre esprit la mauvaise pensée
De disputer la gloire au maître dispensée !
Ses titres immortels, s’il le fallait, par nous,
Scellés de notre sang, le seraient à genoux :