Page:Raynal - La Cigale et la Fourmi, 1853.djvu/4

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Ne feriez-vous pas mieux de rentrer ce maïs

Que l’oie à ses poussins égrène sur la porte ?

BRISE-TOUT, poussant Bâille-en-l’air dehors au moyen d’une ruade.

C’est vrai, lambin, va donc ! J’ai mes sacs à monter.

Son courage au travail en mangeant l’abandonne ;

Il a toujours alors quelque chose à conter.

BAILLE-EN-L’AIR, qui a entendu de l’extérieur les réflexions insolites de son camarade, et revient prendre une corbeille. (À part.)

J’en fais bien encor trop pour l’argent qu’on me donne.

(Il sort.)

Scène II

REBECCA, BRISE-TOUT, TATILLON.
REBECCA, remarquant la lenteur de Tatillon, qui verse de la crème dans une battoire.

Pas si vite, gnian, gnian, tu pourrais te blesser !

Pour vider une écuelle il ne faut pas une heure :

Si tu vas de ce train avant de commencer,

Il sera bien minuit quand nous aurons du beurre.

(À Brise-Tout, qui casse une vitre avec le bout d’une échelle.)

Patatrac ! Quel fléau que ce garnement-là !

Ne peux-tu rien toucher sans que tu le saccages ?

BRISE-TOUT, tranquillement.

C’est un carreau de moins ; qu’on le pose, et voilà :

Je ferai comme hier, je paîrai sur mes gages.

REBECCA

Si bien qu’au bout de l’an tes profits seront beaux…