Page:Raynaud - À l’ombre de mes dieux, 1924.djvu/103

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Avec toi, Moréas, affranchi de la ville,
J’ai gravi des sentiers de rose et de jasmin.
J’étais là quand surgit la plaintive Ériphyle
Au détour du chemin.

Et ce fut comme au jour où Pétrarque vit Laure,
Tant tu ne pouvais plus, de toi-même oublieux,
Ni détourner tes pas de cet éclat d’aurore,
Ni détacher tes yeux.

Tu la dévisageais d’une instance si neuve,
Que jusqu’au fond de l’être on la vit tressaillir,
Tel Énée, ô Didon ! sous tes voiles de veuve,
T’a forcée à rougir.




Ta voix, refuge aimé de ces « époques nues »
M’enseignait le pouvoir redoutable des vers
Qui savent, mieux qu’Éros, ravir Diane aux nues,
Eurydice aux enfers.