Page:Raynaud - À l’ombre de mes dieux, 1924.djvu/60

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« Qui me rendra la paix des saisons et les granges
« Et les essieux pliant sous la charge des blés,
« Et les soirs où l’Aïeul, aux fêtes des vendanges,
« Ouvrait le bal aux yeux de ses fils rassemblés.

« Qui me rendra la sainte ivresse des dimanches
« Mêlés de lilas, d’orgue et de frais carillons,
« Mes doux mois de Marie aux longues files blanches,
« Et le faste effeuillé de mes processions ?

« En Été, les refrains volaient autour des tables,
« Un fleuve y ruisselait de miel et de vin bleu,
« Et la fécondité du sol et des étables
« Montrait visible à tous le doigt béni de Dieu.

« J’avais connu des jours de doute et de souffrance,
« Mais je croyais à la Victoire de l’Amour
« Et, qu’à force d’adresse et de persévérance,
« La haine finirait par se réduire un jour.

« Je rêvais les fureurs du sabre exterminées
« Et, sa coupe levée à l’ombre des bosquets,
« Sur la cendre des camps aux rages forcenées,
« L’allégresse publique installant ses banquets ;