Page:Raynaud - À l’ombre de mes dieux, 1924.djvu/66

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Quand donc cesseras-tu de nous faire la guerre,
Toi qui prends vie et nourriture de nos corps ?

Tu vas broyant partout la foule exaspérée
Et ton trophée est fait des vieux mondes détruits,
Mais de ceux que ta main retaille au fond des nuits,
Chaque nouvelle ébauche avorte, raturée,
Et rien n’éclate aux yeux du vœu que tu poursuis.

Dévorant le scrupule où Dieu se manifeste,
Ton mal chemine, enduit d’un miel insinuant,
Et pour nous désarmer du bouclier céleste,
Tu te couvres de ruse ainsi qu’un filou preste
Dévalise un ivrogne endormi sur un banc.


IV


Cherche une dupe ailleurs ! Que ta rage s’épuise
Sur les âmes de chair ! Moi ! tout ce que tu mets
D’animales ferveurs aux entrailles surprises,
Je les filtre à ma veine et je les utilise,
Ailé de force neuve, à gagner les sommets.