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et la religion du dandysme

ces dénonciations simiesques qui poursuivent le sang de Cham[1].

Nous savons par les vers de Baudelaire que Jeanne Duval disposait d’une magnifique chevelure et l’avis de Nadar sur l’avantage du « reste » nous avertit que c’est à Jeanne Duval que songeait Baudelaire lorsqu’il écrivait :

Il y a dans les dessins de M. Ingres des recherches d’un goût particulier, des finesses extrêmes, dues peut-être à des moyens singuliers. Par exemple nous ne serions pas étonné qu’il se fût servi d’une négresse pour accuser plus vigoureusement, dans son odalisque, certains développements et certaines sveltesses.

Jeanne Duval avait eu l’ambition des planches. Elle avait débuté au théâtre du Panthéon.

Le théâtre du Panthéon, aujourd’hui disparu, se tenait, tout en haut du Faubourg Saint-Jacques, place du cloître Saint-Benoît. C’était l’ancienne église des Cordeliers. Il dressait, au milieu de bâtisses pauvres, un fronton triangulaire dans le goût rigide du Ier Empire. Deux colonnes doriques supportaient un balcon, orné, à chaque extrémité, d’une statue en plâtre, réplique de l’antique, la Diane de Gabies et le Joueur de flûte. L’établissement recrutait une clientèle de quartier à laquelle

  1. Nadar, Op. cit.