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III

Un air lustré sautille, éclabousse les branches,
Embrase les taillis d’un flamboiement de feu.
Et s’éparpille au ras des vives nappes blanches
Où le ciel se reflète implacablement bleu.

De partout la clarté roule par avalanches
Et les éphèbes grecs, tout haletants des jeux,
Près d’un ruisseau d’eau vive où dorment des pervenches
Vont humer la fraîcheur d’un silence ombrageux.

Ils mirent, dépouillés, dans le cristal de l’onde
La fraîche nudité de leur jeunesse blonde,
Folâtres, dans la foi naïve d’être seuls.

Tandis que Pan, gardien des grottes et des chênes,
Compare leur poitrine aux blancheurs des troènes
Et rit caché derrière un rideau de glaïeuls.