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Page:Raynaud - Chairs profanes, 1888.djvu/17

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SONNETS GUERRIERS

À Paul Verlaine.

I

GARDE RÉPUBLICAIN

Nul n’a son galbe ni son aisance au quartier.
Sur sa tunique d’un bleu sombre où se marie
La pourpre à la blancheur de la buffleterie
Ses aiguillettes font sonner leur cuivre altier.
 
Le sabre à pommeau roux met des lueurs d’acier
Le long du pantalon qu’il a l’afféterie
De faire mieux qu’aucun maître en galanterie
Tomber, à plis déliquescents, sur le soulier.

Et c’est pourquoi par toute rue où son pas sonne
Il va plus orgueilleux, à bon droit, que personne,
poux cœur volage à qui fait signe l’imprévu.

Le chapeau fier de sa cocarde sur l’oreille
En la désinvolture aimable et non pareille
D’un galant qui sait, quand il passe, qu’il est vu.