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Page:Raynaud - Chairs profanes, 1888.djvu/41

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Et que lentes, par le clair été des charmilles,
Comme des ouailles vont s’éparpiller au son
Des cloches sonnant l’heure amoureuse les filles
Tournant leur prunelle innocente de façon
Niaise, sous leur front albe taché de son.

Et leurs doigts lourds alors agaceront la jupe
En attendant d’aller vers la nuit des charmants
Asiles, vers la mare aux herbes, où s’occupe
La lune à projeter l’ombre de toute dupe
Angélique, enlacée aux bras de son amant.

Et ce seront de longs ébats fous, mais pour l’heure
L’âme odorante et fuligineuse des vins,
Par quoi l’ennui du temps si morose se leurre,
Fait sur leur joue, hâlée aux champs, par les vents sains
Du large, s’allumer de sensuels carmins.