Page:Raynaud - La Mêlée symboliste, I, 1918.djvu/183

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de leur toute-puissance que pour organiser autour des talents indépendants la conspiration du silence, comme s’ils tremblaient de se diminuer en accueillant les jeunes chez qui leur jalousie inquiète ne leur laisse voir que des rivaux ! »

Voilà, pensais-je, un monsieur qui a bien mal déjeuné ou dont les digestions deviennent difficiles. Va pour le dithyrambe à Jean Lorrain ! mais les autres !… Sont-ils animés d’un si noir esprit ! Armand Silvestre a eu le courage de préfacer le Pays du Mufle, Catulle Mendès a divulgué un beau livre : les Pleureuses, d’Henri Barbusse ; il nous a tous fait « lire » à l’Odéon. Anatole France est le premier qui ait promu les jeunes à la solennité du Temps. Pour François Coppée, il ne faut pas oublier qu’il a découvert Albert Samain et Pierre Louys. Et puis, quels instincts de filles ont donc la plupart des jeunes d’à présent ! La poésie est chez les hommes ce que la beauté est chez les femmes. Il n’est pas absolument indispensable d’en tirer profit. Les amoureux savent trouver les jolies femmes même lorsqu’elles se cachent ; les fervents d’art savent découvrir les bons poètes, si verrouillés et si triplement cadenassés soient-ils, au fond des boîtes des quais, par l’indifférence ou l’hostilité de leurs contem-