Page:Raynaud - Le Signe, 1887.djvu/7

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D’être un élément du monde,
Un atome vague, aimant,
Que la nature féconde
Transforme éternellement ;

Je voudrais aux bois moroses
Prodiguer de ma vigueur,
Et sous l’écorce des choses
Sentir un peu de mon cœur ;

Être la branche où se pose
La fauvette, aux clairs couchants,
Dans un parc être une rose,
Être un bleuet dans les champs ;

Me dissoudre dans l’espace
Inaltérable et, par jeu,
Être un nuage qui passe,
Être une étoile au ciel bleu ;

Et ce serait doux, en somme,
Tout en jouissant du jour,
De n’avoir plus rien de l’homme
Que la pensée et l’amour.