Page:Rebell - Gringalette, 1905.djvu/193

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
177
Dîner manqué

— Messieurs, je vous prie de m’excuser : je suis un peu souffrante. Madame Narischkin, par bonheur, est là et me remplacera auprès de vous avec avantage.

Là-dessus elle sortit vivement, laissant ses visiteurs effarés, très émus du malaise mystérieux que venait de lui causer l’arrivée du gouverneur, et torturant leur imagination pour découvrir les motifs de cette scène inattendue.

Le prince, peu après, fit dire que l’état de la princesse l’obligeait à demeurer auprès d’elle et qu’il ne paraîtrait pas de la soirée. Au lieu du magnifique repas qu’il donnait chaque semaine aux jours de réception, ses visiteurs durent se contenter ce soir-là de sandwiches au caviar, de viandes froides et de quelques verres de kwas et de champagne, pris en compagnie de la triste Madame Narischkin qui tentait vainement de paraître gaie, et risquait des plaisanteries dont pas une n’arrivait à faire rire.

12