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Faux témoignages


fille, qui comprenait mal mes raisons et craignait de s’engager dans une fâcheuse affaire, se refusa longtemps à se mettre dans mon jeu. Enfin ma bourse, que je vidai dans ses mains, la décida. Je courus aussitôt chez mes nièces. Henriette et Émilie, ravies des bonbons que je leur apportai, écrivirent tout ce que je voulus ; mais Lise fit des façons : « Pisque z’ai pas vu l’curé, disait-elle… pisque z’ai pas eu le fouet. »

— « Si tu ne l’as pas eu, tu vas l’avoir ! » m’écriai-je en la courbant vers la table et en la forçant à se lever de la chaise où elle était assise, comme si je me préparais réellement à la fesser. Elle eut peur, implora son pardon et se mit à écrire, à l’exemple de sa sœur et de sa cousine, ce que je lui dictai. Je commençais à être un peu plus rassurée et je ne fus pas trop émue quand mon mari rentra le soir et me demanda ma déposition ainsi que celles de la bonne et des enfants. « C’est bien, dit-il froidement, à pré-