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petites amies. C’est justement ce manque d’apprêt qui nous les rend intéressantes. Plus âgée, Suzanne eût rougi de ces amusements et de ces misères qui remplirent ses premières années ; elle les eût plus ou moins dégustées, elle eût, comme dans ses romans, employé ce langage aux périphrases molles et fades qui masque beaucoup trop ces objets agréables, où, par exemple, trousser une jolie fille est dit « s’abandonner à sa tendresse ». Au contraire, l’ingénuité du journal le fera trouver savoureux à ces jouisseurs acharnés qui goûtent de l’amour jusqu’à la fleur encore indécise, et qui se plaisent à voir tressaillir et s’éveiller une petite âme libertine même quand ses mouvements manquent d’élégance et ne témoignent que d’une belle vivacité joyeuse ou d’une extrême liberté animale.

Cette Suzanne, ou la Rose du Journal (c’est la même personne) a « du vice » ; mais c’est le vice d’une gentille gamine qui a tous les appétits et toutes les facultés pour vivre avec énergie, donner à ses amants beaucoup de jouissances et jouir elle-même infiniment.