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esprits, aujourd’hui, monsieur Helvetius et monsieur de Voltaire, disait-il, jugent ainsi, je me passerais fort bien de la religion, des prêtres et des églises.

Pour le moment, à la messe, je joue comme il est nécessaire mon rôle de point de mire des hommes. À défaut de bijoux, j’ai soin de me mettre au corsage et dans les cheveux quelques fleurs du jardin de ma tante ; j’ai pu faire venir, de Paris, de la poudre et de l’essence à la maréchale, et ainsi fleurie et parfumée je m’embaume et me respire moi-même. Ma tante aussi m’a fait faire une nouvelle robe. Ce m’a été un grand amusement de livrer ma taille, mes hanches, mes jambes à la couturière qui me prenait la mesure. Avec tout cela, j’ai tourné la tête à un fils du bailli, assez joli garçon, mais qui n’a pas la figure qui me plaît chez un homme. Il m’a écrit une lettre passionnée qu’il m’a passée à l’église en me donnant de l’eau bénite. J’ai pris la lettre en rougissant et parce que c’était le seul moyen de ne pas me faire remarquer. Seulement, l’autre jour, il était avec la fille de la vachère, elle avait la main dans sa culotte et lui il