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— Rentrez dans votre chambre, mademoiselle, dit ma tante.

Voilà donc toute la cour que l’on me faisait ! Ce n’était pas en femme ni en jeune fille qu’on me traitait, mais comme une enfant, comme une esclave, comme un animal dont on se sert pour ses plaisirs, sans songer aux sentiments et aux impressions que vous pouvez lui causer. J’avais envie de mourir, de me tuer, si bien que le soir, au souper qu’on servit dans ma chambre, je ne voulus d’abord point toucher. Puis ma faim devint si grande après les émotions de la journée, que je mangeai. Je le dévorai plutôt ; rassasiée, j’eus plus de courage, et mes désirs de fuite me reprirent.