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Page:Rebell - La Nichina, 1897.djvu/132

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figure humaine et une crinière de cheval, saute dans la chambre.

— Comtesse, s’écrie le nouvel arrivant, je viens de finir mes pénitences.

La comtesse Morosina, devenue très grave, venait de se lever.

— Permettez-moi, lui dit-elle, de vous présenter ma cousine qui arrive d’un périlleux voyage à Chio où elle a de grands biens.

Puis se tournant vers moi :

— Don Gaspar Pimentel Cardona de Los Cabos y Benavides, marquis de la Cuenca, comte de Sandoval. Je n’oublie rien, n’est-ce pas ? ajouta-t-elle en me prenant la taille et en me poussant vers Don Gaspar.

Je me sentais assez mal à l’aise devant un homme qui avait un nom d’une pareille importance. De plus, il m’étonnait avec sa façon de rouler des yeux blancs de charbonnier et de ravaler, dans une aspiration, la fin de ses compliments.

— On m’a parlé, dit-il, d’une petite dévotion qu’il y a, en ce moment, à Saint-Marcilian. On expose des reliques de ce vénérable évêque. Ne pourrions-nous aller lui rendre visite ?

— Je suis à vos ordres, mon cher marquis, on n’est jamais lassée de prier les saints en votre compagnie.

Mais comme Don Gaspar se revêtait d’un grand manteau à la mode de Venise, quoique d’étoffes disparates, la comtesse me regarda en exhalant un soupir.

Déjà nous franchissions le seuil, lorsque nous fûmes abordés par une petite jeune fille au regard de feu, souple, fine, charmante sous sa cape simple et son grand fazzuolo.

— Ma cousine, marquis : la signorina Cecca Braggadino.

— Signorina, fit Don Gaspar, je suis charmé de