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Page:Rebell - La Nichina, 1897.djvu/135

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colère, vos cousines sont des carognes, entendez-vous ! des carognes, et vous m’avez trompé indignement : elles ne sont pas fraîches.

— Comment elles ne sont pas fraîches ? disait la comtesse en frottant ses yeux pleins de sommeil.

— Oui, vos cousines sont des putains, et vous aussi.

J’entendis retentir une paire de claques, mais de claques comme on n’en donne plus aujourd’hui. Ce soir-là Morosina me révéla toute la force qui se cachait sous son embonpoint.

— Misérable ! criait-elle, c’est ainsi que vous abusez de la confiance d’une honnête femme pour débaucher sa famille ! Traître, hypocrite, lâche, suborneur éhonté ! Et vous osez calomnier de chastes jeunes filles qui se sont confiées à vous. Eh bien ! soyez-en assuré : demain j’irai déposer ma plainte, oui ! pas plus tard que demain. Allons ! vous en irez-vous à la fin ?

— Grâce ! comtesse, grâce ! un moment ! permettez-moi de faire mes malles.

— Vous n’avez rien à faire ici qu’à partir et je vais réveiller le bargello si vous demeurez dans cette maison un instant de plus.

Don Gaspar Pimentel Cardona de Los Cabos y Benavides disparut épouvanté, laissant à l’ennemi armes et bagages.

Aussitôt Morosina courut à la chambre qu’occupait l’Espagnol ; elle en revint toute joyeuse : elle avait les mains pleines d’or. À chacune de nous elle donna cinq ducats.

— L’affaire a bien tourné, dit-elle, mais il eût pu en être autrement. Pourquoi ne pas m’avoir avertie ? Avec un peu d’alun et de résine ce sont des malheurs qui se réparent aisément.

En ce moment, nous entendîmes parler à haute voix dans la rue. Nous nous mîmes aux fenêtres. C’était