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Page:Rebell - La Nichina, 1897.djvu/177

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Ils se déshabillèrent sans enlever leur chapeau jaune, et un immense éclat de rire salua le dépouillement de ces épaules voûtées à d’arides négoces, de ces corps malingres et poudreux qui avaient l’air de sortir d’un souterrain. Seul, David, l’interlocuteur du père Samuele, fort et bien campé, soutenait l’orgueil de la race.

Un ronflement de corne donna le signal du départ ; les champions, les coudes au corps et les poings fermés, s’élancèrent. Comme il était convenu, ils firent quatre fois le tour de la place. Les trois vieillards, d’abord en avance sur les jeunes gens, furent bientôt dépassés. Le père Samuele, après un court effort, marchait tout haletant à une grande distance de ses compagnons et paraissait maintenant se désintéresser de la victoire, à la vive impatience des spectateurs, qui tentaient de l’exciter par des cris, des encouragements ou des insultes :

— Hardi, père Samuele ! Allons !

— Sale lâche !

— Il ménage sa carcasse pour le cimetière.

— Ou pour son jeune cotillon.

— C’est Catau qui ne le ménage pas. Par Bacchus ! elle lui a sucé la respiration.

— Vas-tu marcher, porc !

— Je crois que la belle fera plus les doux yeux à son voile de veuve qu’à son bouquet de mariage.

— Et elle aura raison. Ça ne doit pas être drôle d’avoir épousé une vieille maladie de ce genre.

— En avant, limaçon !

— Des fainéants pareils, ce serait à gauler comme des roussins.

— Hardi, le vieux ! Holà !

Mais sans prêter attention aux paroles qui lui bourdonnaient à l’oreille, les paupières plissées ra-