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Page:Rebell - La Nichina, 1897.djvu/222

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de geindre, elle saisit à la gorge Arrivabene.

— Tu vas me le payer, vampire !

— Que voulez-vous que je vous paie ?

— La mort de ma fiotte.

— Demandez plutôt à ma jument de vous payer ; seulement tâchez d’abord de la rattraper.

— Pas tant de giries ! paie-moi tout de suite.

— Est-ce que j’ai le moyen de vous payer ? Tenez : regardez mes poches.

— Tu dois bien avoir quelque chose caché là, dans le gousset, répliquait la paysanne en tâtant le moine des pieds à la tête.

— Il faut que cette comédie finisse, dit le cardinal qui s’impatientait.

Et il donna l’ordre à Coccone de remettre aux paysannes deux ducats d’or.

L’abbé descendit de cheval, prit sur son cœur trois clefs, et les introduisit dans les trois serrures d’une cassette qui se trouvait attachée sur sa selle. Il ouvrit enfin, puis, lentement, comme à regret, il remit l’argent aux femmes.

— Maintenant, en route ! s’écria le cardinal.

— Et moi, que vais-je faire sans ma jument ! demanda le moine.

— Tu t’en iras à pied, coquin, il ne fallait pas la laisser s’enfuir !

Pendant que l’on se disposait à repartir, les deux femmes tournaient, retournaient dans le creux de leur main les pièces d’or et les considéraient avec surprise : elles n’en avaient jamais vu de semblables.

— J’ai dans l’idée que ce sont les faux-monnayeurs dont on nous a parlé, dit la grosse paysanne.

— Tu as raison, reprit son amie, ce sont eux : j’ai bien remarqué leurs figures de démons.

Aussitôt, à grands cris, elles appelèrent au secours.