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Page:Rebell - La Nichina, 1897.djvu/437

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lution quand il s’agit de secourir la femme que tu prétends aimer ?

Ses incertitudes cessèrent. Il s’écria :

— Enfin qu’y a-t-il ?

Je lui dis les blessures que Guido avait reçues à la bataille, et l’aide que j’attendais de sa science.

— Mais je ne suis pas médecin, fit Fasol.

— Pol, repris-je, tu m’as raconté que tu avais guéri un de tes amis, blessé comme Guido à la guerre et dont les médecins désespéraient. Tu peux aussi guérir Guido.

Et, m’attachant à lui, l’embrassant comme si je l’eusse aimé, j’avais, pour l’émouvoir, tous les mots d’une misérable, toute l’éloquence d’une femme en pleurs.

— Fasol ! Fasol ! répétais-je, tu ne veux pas me tuer, n’est-ce pas ?

Il se leva enfin : il était décidé. Aussitôt, il donna l’ordre à un domestique de seller deux chevaux. Alors, de joie, de bonheur, m’imaginant que, puisqu’il venait, Guido allait être sauvé, je lui baisai la main, sans qu’il eût l’air d’y prêter attention.

Nous fîmes la route en silence ; je n’osais lui adresser la parole, tant il semblait vouloir s’enfermer dans son chagrin. Je sentais combien était grand ce sacrifice et qu’il le faisait malgré lui, poussé par quelque mystérieuse puissance. Cependant je n’en étais point émue. Que m’importait sa douleur, à moi qui eusse donné le monde, ses richesses et jusqu’à ma vie pour la guérison de Guido !

En arrivant à la villa, il voulut voir mon cher blessé. Guido, qui n’était point averti de sa venue et ne savait rien de sa passion, le salua joyeusement, mais Fasol lui répondit à peine, et, de suite, le pria de découvrir ses blessures. Guido se mit sur le côté, montra la plaie béante.

— Votre médecin est un niais, me dit Fasol après