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Page:Rebell - La Nichina, 1897.djvu/473

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bon Dieu que les prières orgueilleuses d’un savant docteur. Pourtant, étais-je une fripouille accomplie, en avais-je commis des crimes !… Quand je pense que ce petit choriste… Comment s’appelait-il donc, ma sœur ? ce petit choriste qui avait des yeux de chérubin ?…

Pour toute réponse, la religieuse ramena ses sourcils sur ses yeux et sa bouche vers son nez.

— Et toi aussi, tu m’as donné de mauvaises pensées ! C’est que tu étais un beau brin de fille dans ton temps, ma sœur.

— Allons ! allons ! fit la religieuse.

— N’est-ce pas qu’elle est encore jolie, ma sœur ? dit Arrivabene en lui prenant le menton.

— Allons ! allons ! mon frère, dis-moi plutôt ce que tu fais à présent.

— Mais je suis un grand prédicateur ! J’ai prêché le carême devant le Doge. J’écris aussi, à mes moments perdus, des livres de piété ; j’ai publié une vie de saint Boniface qui a été généralement fort goûtée.

— Tu devrais me la montrer, à moi qui aime tant la lecture !

— Je le ferais avec joie, ma chère sœur, malheureusement, tu n’y comprendrais rien. Il faut avoir étudié au moins dix ans la théologie pour en saisir les premières pages.

— Seigneur Jésus !

— C’est comme cela. Mais, ma sœur, n’aurais-tu pas une fiasque de vin pour me rafraîchir ; je meurs de soif.

— Non, mon frère, nous ne buvons que de l’eau ici.

— Alors, sois sûre que je ne serai jamais ton aumônier, ma sœur. Les couvents où l’on ne boit que de l’eau sont maudits par Dieu. Aussi, je te souhaite le bonsoir, ma sœur !

Arrivabene, en sortant, m’annonça son intention