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Page:Rebell - La Nichina, 1897.djvu/52

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— Demain, dis-je au milieu de mes larmes, j’irai à la recherche de Guido.

Heureusement, l’aube vint avec la lumière me rendre l’espérance. Persuadée que je le retrouverais, je finis par m’endormir et je rêvai que Guido s’approchait de moi à petits pas et me mettait un baiser sur les lèvres, tout doucement et très vite, pour ne pas se laisser voir.

Je ne reçus point de nouvelles de Guido ; mes recherches demeurèrent inutiles et je continuai à me désoler du matin au soir.

Cette disparition qui, d’abord, avait surpris mes parents, leur devint une nouvelle cause de querelles.

Mon père, aux repas comme au travail, ne desserrait pas les dents. Ma mère faisait souvent cette réflexion :

— Est-il croyable qu’un enfant abandonne, comme cela une maison où il était si bien traité ? (Elle ne se rappelait point qu’elle le battait tous les jours.)

Puis elle ajoutait :

— Enfin ! C’est une bouche de moins à nourrir. Lucina, Lucietta et Costanza auront leur part plus grande, pas vrai, Lucio ?

Mais papa levait les yeux au ciel avec tristesse :

— C’était le fils de mon frère : il me l’avait recommandé en mourant.

— Ton frère, que le Diable l’emporte ! Un propre à rien n’a pas le droit de recommander quoi que ce soit. Je voudrais voir qu’un beau messer de son espèce put vous imposer ses volontés quand il ne laisse pas seulement, pour se faire ensevelir, un demi-écu à ses héritiers.

À ces paroles, les regards de mon père brillaient de colère et de haine.

— Tu l’as chassé d’ici, avoue-le, s’écriait-il en saisissant le bras de maman.