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Page:Rebell - La Nichina, 1897.djvu/84

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du Paradis. Sinon vous iriez brûler dans les flammes éternelles.

— Le bon Dieu, mon frère, est donc bien méchant qu’il tient à ce qu’on souffre quelque part et qu’il faut absolument choisir d’être malheureux dans ce monde ou dans l’autre ?

— Le bon Dieu est souverainement juste ; et, comme vous ne passez pas une journée sans l’offenser au moins sept fois, il est nécessaire que vous expiiez vos fautes. Regardez ces jeunes fous : ils s’en vont sur un pas de danse et éclatent de rire. Ils ne se doutent pas que, s’ils mouraient en cet état, ils iraient tout droit en Enfer.

— Pourquoi iraient-ils en Enfer ?

— Parce qu’ils commettent le mal.

— C’est un mal de rire ?

— Oui.

— Pourquoi ?

— Pourquoi ? Parce qu’il en est ainsi. Vous n’avez que ce mot sur les lèvres : pourquoi. Vous voudriez tout savoir, tout comprendre. Voilà un commencement d’orgueil dont il faudra vous corriger, mon enfant. Dieu a voulu qu’il y eût en ce monde beaucoup de mystères. Vous devez humilier votre esprit et respecter sa sainte volonté.

Il finissait toujours par nous faire cette déclaration après laquelle il n’y avait plus moyen de lui arracher un mot. Guido, qui admirait le frère, demeurait avec lui à réciter des oraisons, mais moi, je ne les avais pas plutôt vus s’agenouiller que, légère comme un oiseau, je m’en allais retrouver mon ami Fasol qui travaillait chaque matin dans la grande galerie. Il me souhaitait le bonjour du haut de son échelle sans s’arrêter de peindre.

— Tu vois là, disait-il, l’enlèvement des filles de