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À BAIA

demande pas autre chose. Mais moi, songe à l’industrie, à la ruse, à l’intelligence dont je dois faire preuve à toute heure du jour pour me maintenir ici. Égayer un homme qui s’ennuie de tout, distraire une femme qui change de caprice à chaque bouffée d’air qu’elle respire ; encore faut-il divertir la Juive, avoir l’air de croire à ses superstitions, causer avec le philosophe de systèmes auxquels je n’entends goutte, flatter les esclaves qui peuvent me desservir… Je te le dis : il n’y a pas d’homme plus occupé sur la terre ! Et quand je me dépense ainsi, quand je sue à faire plaisir à tout le monde, voici la récompense que j’obtiens : des injures. Et puis, toi, pour me consoler, tu me dis : « Que veux-tu que cela me fasse, animal ? » C’est