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LES NUITS CHAUDES DU CAP FRANÇAIS

Puis, tout à coup, se penchant vers moi, elle me dit à voix basse :

— Ne craignez-vous pas Zinga ?

— Moins que Figeroux.

— Voyez, chère madame, elle est ici !

En effet, Zinga était là, avec Dubousquens. Ils étaient assis à l’écart, à une petite table, devant des verres pleins auxquels ils ne touchaient pas ; ils parlaient sans s’occuper de la foule, sans prendre garde au bruit. Quelques paroles que je surpris renouvelèrent mes inquiétudes.

— Si te maries, disait Zinga, m’abandonneras ?

— Tu sais bien, répondait Dubousquens, que je n’épouse cette jeune fille qu’à cause de sa fortune, et que tu viendras avec nous en France.

— Et même si elle devient ta femme n’aimeras-tu que moi ?

— Je n’aimerai que toi.

Ils se baisèrent.

De quel mariage, de quelle jeune fille, Dubousquens voulait-il parler ?

Figeroux, à ce moment, s’approcha, frappa violemment sur l’épaule de Zinga.

— Ah ! truie, fit-il. Tu nous as trahis !

Zinga ne lui répondit que par un rire sarcastique.

Puis se retournant vers lui :

— As peur ? demanda-t-elle. Es mô mem pa la ké to pou mô défand to lapo. (Est-ce que je ne suis pas là avec toi, pour défendre ta pelure ?)