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JOURNAL D’UNE DAME CRÉOLE

Ils étaient encore à leur poste lorsque quatre nègres à la taille de géants se jettent sur eux avant qu’ils aient le temps de se servir de leurs armes, leur lient pieds et mains, les bâillonnent, puis, d’une poussée ils enfoncent la porte. Montouroy les suivait. Il se précipite sur mon enfant qui pousse des cris, se débat, lui échappe et veut sauter par la fenêtre ; il la rejoint, la renverse sur le lit, lui ouvre brutalement les jambes. Il a un mot abominable :

— Ma jolie perruche, il faut d’abord que je te mette ma marque, que tu sois mienne pour la vie. Après tu m’aimeras, si tu veux.

Cependant Antoinette ne cédait pas, mais luttait avec fureur, lui mordait le visage et le battait de ses pieds.

— Venez donc me la tenir, brutes ! cria Montouroy aux nègres.

Ils ne pouvaient guère lui obéir. Ils étaient en train de jouer du couteau avec de nouveaux arrivants. En effet, Dodue Fleurie, apprenant par ses espions les projets de Montouroy, avait réuni tous ses esclaves et était partie avec eux pour les Ingas ; elle entra derrière Montouroy. Elle était elle-même dans le couloir avec ses gens, un poignard à la main ; elle essayait de forcer le passage, avide de retrouver son amant, de le surprendre, de le frapper peut-être.

Au bruit de la lutte, Montouroy avait lâché Antoinette, il s’était élancé au milieu des combattants et, atteignant Dodue Fleurie, il essaya de lui enlever le