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LES NUITS CHAUDES DU CAP FRANÇAIS

Comme s’il n’y avait pas dans le vocabulaire commun d’assez basse injure, on était allé chercher les mots les plus boueux que se lancent les mariniers ivres, ceux qui n’évoquent les charmes de la femme que pour les mépriser et les salir.

Le représentant devint pâle ; la lettre tremblait entre ses doigts.

— Tallien, dit Thérésia, vas-tu laisser ta femme être la risée d’une ville et la proie d’un misérable ? Vais-je tous les jours être traitée de la sorte !

— Comment, tous les jours ?

— Oui, reprit Thérésia, ce n’est pas la première lettre de ce genre que je reçois. J’en ai reçu vingt, trente peut-être ! Je ne te les montrais pas, pour ne pas t’attrister. Cette fois vraiment c’est trop d’outrages ! Je ne peux plus me taire, souffrir sans crier. Défends-moi, frappe le lâche.

— Quel est le misérable, s’écriait le représentant, quel est le misérable qui a pu écrire ces abominations ?

— Tu ne vois pas ! La lettre est signée !

— Comment il a osé !… Du-bous-quens ! Dubousquens ! répétait Tallien, mais je connais ce nom-là.

Il courut chercher des rapports de police, éventra des montagnes de paperasses, et après avoir bouleversé de lourds dossiers, feuilleté et refeuilleté de gros livres, il finit par découvrir sur une page de calepin, une petite note ainsi conçue :

« Dubousquens, négociant. Fortune évaluée à