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LES NUITS CHAUDES DU CAP FRANÇAIS


bait sur son visage, elle a ouvert les yeux, et, tout de suite, elle a fait une moue gentille, une moue d’enfant volontaire qui se révolte contre une pénitence.

— Je ne veux pas qu’on m’agace comme ça ! s’est-elle écriée, puis en me reconnaissant : Ah ! c’est vous, madame !

Elle avait cru que c’était une esclave qui était entrée.

— Je venais voir si vous dormiez, ma chère enfant.

— Oh ! oui… et bien ! il faisait si plaisant là-bas !

— Dans vos songes ? À quoi rêviez-vous donc ?

— Je ne sais pas… Mais je me sentais bien heureuse.

Et elle s’étirait, se retournait voluptueusement comme pour saisir, effleurer encore ce bon sommeil qui s’enfuyait, tendant vers moi toute la cambrure déjà robuste de ses reins, insouciante, dans l’effarement du réveil, de ce qu’elle pouvait me montrer de ses grâces secrètes.

— Ma chérie, lui dis-je, j’aurais désiré vous parler de choses sérieuses. Je pensais que ce soir, comme d’habitude, vous profiteriez de la fraîcheur pour travailler à vos dentelles. Le moment me paraissait convenable pour causer avec vous. Nous n’aurions pas eu à craindre les visites ni les nègres. Mais puisque vous êtes couchée, je me retire.

Elle parut troublée de mes paroles : une rougeur soudaine vint colorer son front, et ce fut d’une voix un peu tremblante qu’elle dit :

— Restez, madame, je n’ai plus envie de dormir.