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Page:Reboul - Le nouveau Panurge, 1614.djvu/34

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miraculeuſement des flots par vn Dauphin, & porté contre tout eſperance en l’Iſle Imaginaire
Chapitre II.
Panurge.


APres que i’eus mis ordre, comme vous ſçauez en toute ma chaſtelenie de Salmigondin & Dipsoin ; que mes menus affaires furent conclus & rãgez le tout en bon ordre. Apres mille adieux, s’il vous en ſouuient la plus part noyez de larmes d’vn coſté & d’autre : ie me partis tout beau ſeulet à pied ſans lance, & prins le chemin à gauche tirant du coſté de Phrygie. Et pour ne laiſſer rien en arriere, ie n’auois encores cheminé plus d’vn cart de lieuë Italienne, que i’ouys vne voix qui crioit apres moy, Panurge, Panurge, redoublant par pluſieurs fois les meſmes mots ; qui fut cauſe que me tournant ie vis vn homme courant apres moy, auquel parlant ie luy demande : qui esſtes vous mon amy, que me criez vous ? que me voulez vous ? Ie ſuis dit il Hegemon cogneu par tout le monde. C’eſt moy qui meyne, qui conduis, & qui guide toutes bonnes gens au vray chemin