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rapport

Le matin du jour suivant, Pourounguyr se rendit auprès du régent, dans l’appartement qu’il occupoit au palais, et il lui remit ses dépêches, après les formalités ordinaires. Il fit ensuite une visite à Soupoun Tchoumbou, aux parens du Lama, et à d’autres personnes dont il étoit déjà connu. Il dit avoir reçu par-tout l’accueil le plus obligeant et le plus cordial : il y avoit long-temps que l’on étoit accoutumé à le regarder comme un agent du gouvernement du Bengale. Il ne trouva point de changement dans l’administration, depuis le voyage qu’il avoit fait avec moi au Tibet. Le pays jouissoit d’une parfaite tranquillité : le seul événement qui eût marqué dans ses annales, étoit l’inauguration du jeune Lama, qui avoit eu lieu l’année précédente. Comme cet événement est de la plus haute importance sous le point de vue religieux ou politique, puisque c’est l’acte par lequel les Tibétains reconnoissent dans la personne d’un enfant leur souverain immortel et leur pontife suprême[1], j’ai cru devoir faire tous mes efforts pour me procurer la description des cérémonies qui l’accompagnèrent, certain que la nouveauté du sujet piqueroit la curiosité, quand bien même ces détails n’offriroient point d’utilité réelle. Je vais donc, sans autre apologie, offrir le résultat de mes informations : je préviens seulement que la vérité de ces détails repose en grande partie sur le témoignage de Pourounguyr, et qu’ils m’ont été confirmés, avec quelques additions, par les récits d’un Gosséyn qui étoit alors sur les lieux.

L’empereur de la Chine paroît avoir pris une part signalée à l’inauguration du Lama ; il a, dans cette circonstance, prouvé son respect et son zèle pour le chef de sa religion. Dès le commencement de l’année 1784, il envoya à Tichou-Loumbou des ambassadeurs chargés de le représenter auprès du pontife, et de rehausser la pompe de son installation. Le Dalaï Lama et le vice-roi de Lhassa accompagnés de toute la cour, un des généraux chinois cantonnés à Lhassa,

  1. Cette expression n’est pas, je crois, d’une rigoureuse justesse. J’ai observé, dans ma note ci-dessus, p. 139, que le Tichou Lama, ou Pan-tchan Lama, comme le nomment les Chinois, n’est que la seconde personne de la hiérarchie lamaïque ; la première est incontestablement le Dalaï Lama, ou Grand Lama. (L-s.)