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SUR LES DIEUX DE LA GRÈCE,

suis homme, et je m’intéresse à tout ce qui touche l’humanité. » Elles peuvent même avoir une importance solide dans un siècle où des hommes sensés et vertueux penchent à révoquer en doute l’authenticité des récits de Moïse concernant le monde primitif. En effet, rien de ce qui tend à écarter ces doutes ne sauroit être indifférent, soit la manière de raisonner, soit les faits qui servent de base aux raisonnemens. Ou les onze premiers chapitres de la Genèse sont vrais, en accordant ce qti’on doit au style figuré des Orientaux, ou tout l’édifice de notre religion nationale est empreint de fausseté ; et je pense qu’aucun de nous ne desireroit voir tirer cette conséquence. Pour moi, qui ne puis m’empêcher de croire à la divinité du Messie, d’après l’antiquité incontestable de plusieurs prophéties, et leur accomplissement manifeste, en particulier de celles d’Isaïe, à l’égard du seul personnage historique à qui elles puissent s’appliquer, je suis obligé de croire à la sainteté des livres respectables que cette personne sacrée, cite comme authentiques. Mais ce n’est pas la vérité de notre religion nationale, envisagée comme telle, que j’ai à cœur, c’est la vérité elle-même ; et si un raisonneur de sang-froid et exempt de préjugés réussit à me convaincre clairement que Moïse, à l’aide des Egyptiens, puisa son récit dans les antiques sources de la littérature indienne, je l’estimerai comme un ami qui m’aura délivré d’une erreur capitale, et je promets d’être un des premiers à propager la vérité qu’il aura établie. Après cette déclaration, je me flatte de ne pas déplaire aux lecteurs de bonne foi, si, dans le cours de ce Mémoire, j’use envers les argumens qu’ils ont pu avancer, de la même liberté dont je voudrois réellement qu’ils usassent envers les miens, s’ils étoient disposés à les contredire. N’ayant point à défendre un système qui me soit particulier, je ne m’assujettirai point à une méthode fort régulière ; je parlerai de tous les dieux, à mesure qu’ils s’offriront à moi, en commençant par Janus ou Ganesa(11), à l’exemple des Romains et des Hindous.

Les titres et les attributs de cette ancienne divinité de l’Italie sont rassemblés dans deux vers choriambiques de Sulpitius(12) ; et il