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Page:Recherches asiatiques, ou Mémoires de la Société établie au Bengale, tome 1.djvu/337

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DE L ITALIE ET DE L’INDE.

Lama lui-même, n’ont pas quelque affinité avec la religion de l’Egypte et l’idolâtrie d’Israël, il faut au moins convenir que les circonstances ont merveilleusement coïncidé.

Bhavânî (109) appelle maintenant notre attention ; et, sous ce point de vue, je suppose que la femme de Mahâdêva est aussi-bien la Junon Cinxia ou la Lucine des Romains (qu’ils appeloient aussi Diana SoJvi- 10 tm, et les Grecs, ll’ithyia), que Vénus elle-même : non la Vénus d’idalie, reine de l’Enjouement et des Ris , qui, avec ses Nymphes et ses trois Grâces, fut la belle production de l’imagination des poëtes, et répond à la Rembhâ de l’Inde , avec son céleste cortège d’Apsarâs, ou de filles du paradis ; mais Vénus Uranie , dont Lucrèce a fait un tableau si animé, et qu’il invoque si à propos ; Vénus qui préside à la génération, et que, pour cette raison, on représente quelquefois avec les deux sexes (union très-commune dans les sculptures indiennes ), comme dans sa statue barbue (110) à Rome, dans les images qu’on nommoit peut-être Hermatheua (111), et dans ces figures où elle avoit la forme d’un cône de marbre ; « forme, dit Tacite, dont 011 » nous laisse ignorer le motif. » Ce motif n’est que trop visible dans les temples et dans les peintures de i’Hindoustân. Il semble n’être jamais venu à l’esprit des législateurs de cette contrée qu’une chose naturelle pût blesser la décence par son obscénité (112). Cette singularité se retrouve dans tous leurs ouvrages et dans tous leurs discours ; mais elle ne prouve point la dépravation de leurs mœurs. Platon et Cicéron parlent à’Eros, ou du Cupidon céleste, comme fils de Vénus et de Jupiter ; ce qui prouve l’affinité du monarque de l’Olympe et de la déesse de la fécondité avec Mahâdêva et Bhavânî. En effet, le dieu Câmâ (113) étoit fils de Mâyâ et de Casyapa, ou Uranus, au moins suivant les mythologues de Kachmyr ; mais, à plusieurs égards, il paroît être le jumeau de Cupidon , avec des attributs plus riches et plus animés. Une de ses nombreuses épithètes est Dîpaca [ celui qui enflamme ], mot que l’on écrit , par erreur, Dîpuc ; et je suis maintenant convaincu que l’espèce de ressemblance qui a été observée entre son nom latin et son nom