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SUR LA CHRONOLOGIE DES HINDOUS.

sont un jour de Brâhmah ; mille jours semblables sont une heure indienne de Vichnou ; six cent mille de ces heures forment une période de roudra ; et un million de roudras (ou deux quatrillions cinq cent quatre-vingt-douze mille trillions d’années lunaires) ne sont qu’une seconde pour l’Être suprême. » Les théologiens hindous nient que la fin de cette stance soit orthodoxe. « Le temps, disent-ils, n’existe nullement avec Dieu ; » et ils conseillent aux astronomes de s’occuper de leurs affaires, sans s’immiscer dans la théologie. Quoi qu’il en soit, ce couplet astronomique coïncide avec notre but actuel : il montre en premier lieu qu’on ajoute à plaisir des chiffres pour enfler les périodes ; et si nous ôtons dix chiffres d’un roudra, ou que nous le divisions par dix mille millions, nous aurons une période de 259,200,000 années, qui, divisée par 60 (diviseur ordinaire du temps chez les Hindous), donnera 4,320,000, ou un grand âge, que nous trouvons subdivisé dans la proportion de 4, 3, 2, 1, d’après la notion de vertu décroissant arithmétiquement dans les âges d’or, d’argent, de cuivre et de terre. Mais quand bien même il paroîtroit invraisemblable qu’à des époques très-reculées les astronomes indiens eussent fait des observations plus exactes que ceux d’Alexandrie, de Baghdâd ou de Marâghâh, et encore plus invraisemblable qu’ils fussent retombés dans l’erreur sans cause apparente, nous pouvons supposer qu’ils formoient leur âge divin en multipliant arbitrairement 24,000 par 180, suivant M. le Gentil, ou 21,608 par 200, selon le commentaire du Souryâ Siddhantâ[1]. Or, comme il n’est guère possible que le hasard produise

    Prudential and political maxims, &c. Hitopadès [instruction utile] de Vichnou-Sarma, contenue dans une suite de fables liées ensemble et entremêlée ; de maximes de morale, de sagesse et de politique ; traduite d’après un ancien manuscrit en langue sanskrite, avec des notes explicatives, par Charles Wilkins ; imprimée à Bath en 1787, vol. in-8o. Voyez, sur cet ouvrage, mes notes dans le t. I.er, p. 231, note 30 ; p. 311, note b, et p. 519, note a, et les extraits que j’en ai donnés dans mes Contes indiens publiés en 1790. (L-s.)

  1. Le Souryâ Siddhântâ est généralement reconnu pour le plus ancien traité d’astronomie que les Hindous possèdent. Suivant eux, il a été envoyé du ciel par révélation à un nommé Maya, vers la fin du satya-youg du 28.e mahâ-youg du 7.e