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Troisième Partie.

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L’œuvre intitulée „Rubā’iyāt de ’Omar Hayyam".

I. La forme des rubā’ts.

Tandis que la plupart des formes poétiques des Persans sont empruntées aux Arabes, le rubā’t est une forme d’origine persane. Un rubā’t est un quatrain ou, pour mieux dire, une suite de deux distiques. Il peut contenir l’éloge de quelque grand seigneur ou avoir pour sujet l’amour, le vin, la jouissance de la vie, ou bien il peut traiter la théosophie sūfique ou en général servir d’expression à des pensées métaphysiques et morales. Sa forme brève et épigrammatique le rend admirablement propre à fournir à une idée ingénieuse une expression juste et piquante.

a) La rime peut être commune au 1er, au 2e et au 4e hémistische ou aux quatre hémistiches (ααβα ou αααα). Au dernier cas, le quatrain est appelé rubā’t-i tarāne. La première forme est la plus commune chez ’Omar Hayyām. De ses 158 quatrains, le ms. Bodl. n’a que 41 rubā’t-i tarāne 1[1]. La rime peut-être mise à la fin de l’hémistiche :

  1. 1 M. M. Hartmann prétend, que les rubā’ts ont été destinés à être chantée, et il en conclut que le rubā’t-i tarāne (le « quatrain du chant ») a été la forme originale. Les Arabes ont adopté le rubā’t des Persans dans les deux formes, et M. Hartmann fait la remarque, que la forme αααα se trouve chez ’Omar ibn al-Farid (mort en 1181) probablement un des premiers poètes arabes qui aient imité le quatrain des Persans (v. WZKM. XVII, p. 371).