Page:Recherches sur les Rubāʿiyãt - Arthur Christensen.djvu/109

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L’œuvre intitulée « Rubā’iyāt de ’Omar Hayyām ». 97

Celui qui voit une paille dans l’œil de son voisin, mais n’aperçoit pas la poutre dans son propre œil, est souvent en butte à la satire :

Tu te vantes en disant : « Je ne bois pas de vin ». — Tu fais mille choses en comparaison desquelles ce n’est qu’un jeu d’enfant que de boire du vin. (W. 11.)

(Comp. W. 450.)

Et de même les pharisiens, les « gens de la certitude » (W. 377), ceux qui « s’enorgueillissent de leur dévotion » (W. 383.)

Sais-tu pourquoi je suis un adorateur du vin ? c’est pour ne pas devenir, à ton exemple, un adorateur de moi-même. (W. 337.)

Contre les fanatiques :

Ô mufti de la ville ! nous sommes plus utiles que toi ; malgré toute notre ivresse, nous sommes plus sobres que toi.

Tu bois le sang des bonnes gens, et nous buvons celui de la vigne : dis justement, qui de nous est le plus avide de sang ?

(W. 307.)

Les dévots en général sont attaqués de diverses façons :

Tu es un ascète sec et moi je suis un pécheur humide : je n’ai jamais entendu dire, que le feu prenne à ce qui est humide.

(W. 170.)

Si tu as le cœur gros, prends un grain de beng ou un men du vin couleur de rose.

Si tu es un sūfî, il t’est défendu de boire ceci et cela ; en ce cas la pierre est ce qui te convient : va t-en et mange de la pierre ! 3

(W. 251.)

Que la taverne soit toujours égayée par les buveurs ! que le feu prenne au pan de la robe d’abstinence des ascètes !

1 Nâsir Husrau : « L’orgueil et l’égoisme se trouvent chez les gens de l'obéissance ». (Saâdatn, v. 146.)

2 Allusion au feu de l’enfer.

3 Sa’di n’aime pas le beng. Il dit en employant le même jeu des mots beng et seng : « Si tu manges du beng, tu restes sur place comme une pierre ; il vaut mieux que tu manges de la pierre en mangeant le beng ».


Christensen, Recherches. 7