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118 Troisième Partie.

Les mauvaises gens voient surgir du vin de mauvaises actions, les personnes d’un bon caractère n’en voient surgir que les vertus et la raison.

En vérit » la coupe de vin est le miroir de la vie : chacun y voit sa propre image’.

Parfois une certaine modération est recommandée : Aussi longtemps que je suis en possession de mes sens, le |)lai8ir est caché pour moi, et quand je suis ivre, mon esprit en souffre.

Il y a un état entre la sobriété et l’ivresse : je suis l’esclave de cet état, car il est la vie—.

(W. 41.)

Bien plus souvent c’est l’intempérance qui est célébrée. « Je suis l’esclave de ce moment où l’échanson dit :, prends encore une coupe’, et où je ne puis pas. » (W 300.)

Lève-toi et frappe du pied, nous battrons des mains. Nous boirons du vin à la vue des narcisses ivres 3. C’est un plaisir médiocre que de boire vingt [coupes], mais si nous en prenons soixante, voilà un plaisir merveilleux ! (W. 814.) p. 809). Et’Imâd-ed-dln dit : « Le vin, mais non pas celui qui est amer, est défendu ». (Ouseley : Biograph. Notices on Persian Poets p. 200.) 1 Berl. I. 217 :

LJÎj.U. jiLi— Jo v.i>~wi (jiy^ ^-^^î 2 Comp. le quatrain d’Avicenne cité p. 48. ’

Nergus-i fsarjmast ou nergus-i mahmûr est une expression très-commune. Probablement Temiiloi fréquent du mot nergus pour designer l’œil, a-t —il donné lieu à ce métaphore. Otniân Mâkï dit : « Le matin quand tu rejettes tes tresses de ta joue, ton œil et ta joue font rougir de honte le narcisse ivre et la tulipe », {Tdrîh-i guzida, JRAS. 1901 p. 6.) Adarl : « Si le narcisse ivre te voit dans le jardin, le narcisse ivre laisse tomber sa tête et s’endort ».

Comp. Hafiz (éd. Brockliaus 145, 5) et ITâqâni (éd. Salemann 39).

Parfois l’expression « ivre » est employée également pour d’autres fleurs, ainsi Sirag-ed-din Qumrï : « La rose ivre, la tulipe enivrée et le narcisse grisé, tu les as apportés, ô zephyre ! » (Uaulatsâh éd. Browne p. 235.)