106 Troisième Partie.
Le vin est le sanp du monde, et le monde est notre assassin.
Pourquoi ne boirions-nous pas le sang du cœur de notre assassin ?
(W. 326.)
A quoi bon le repentir ? «On me dit : ,Que Dieu te donne le repentir !’
—
Il ne nie le donne pas, et s’il le faisait, je ne me repentirais pas tout de même*.» (W. 329, Bd. 114 .)
Le paradis nous sera bien ouvert, si nous n’avons commis d’autres crimes que d’aimer et de boire : Boire du vin et chercher la société des belles, voilà ce qui est mieux que de ^iratiquer l’hypocrisie et l’al^stinence- . Si l’amant et l’ivrogne devenaient des habitants de l’enfer, alors personne ne verrait le paradis ! (W. 381, Bd. 127.)
(Comp. W. 67 dont la troisième ligne est littéralement identique à la troisième ligne de celui-ci. — Et au contraire : «Si tu es de la race de l’enfer, tu ne seras pas un habitant du paradis» (W. 485). Ce n’est pas l’affaire de Dieu de s’occuper de notre obéissance ou désobéissance : Prends ta part de ce qu’apporte la circulation des temps, assieds-toi sur le trône du plaisir et prends la coupe à la main. Dieu approuve aussi bien notre désobéissance que notre obéissance : prends, enfin, de ce monde ce qui te plaît à toi-même 3. (W. 239.)
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Hâfi ? 350,5 : «Viens : se repentir de [la lèvre couleur de] rubis de la maîtresse et de la coupe souriante, c’est une pensée que l’intelligence n’approuve pas».
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Rlldagl (Gôtt. Naohr. 1873 p. 729) : A quoi bon tourner le visage vers la Mecque, tandis que le cœur est à Boukhara et chez les jolies filles de Tarâz ? Dieu accepte le chuchotement d’un amant, mais il n’accepte pas les prières.
3 Ou peut ici citer un quatrain d’Abu Sa’^ld qui exprime une pensée semblable. (Sitz. d . konigl. bayr. Akad. 1878, Ethé, no. 36 .) Mes péchés sont plus nombreux que les gouttes de la pluie. Je me jetais à terre, la tête penchée de honte de mes péchés. Puis une voix se fit entendre : «Compte cela pour rien, derviche !
Tu agis selon ta volonté, et moi, j’agis selon la mienne.»
i’ourtant ce quatrain ci a plus de portée que celui de ""Omar : on peut y lire une menace.