Page:Recherches sur les Rubāʿiyãt - Arthur Christensen.djvu/120

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118 Troisième Partie.

Si les deux mondes tombaient comme des balles dans un abîme, ils ne vaudraient à mes yeux ijaun grain d’orge, quand je cuvais mon vin ».

(W. 409, Bd. 132,.)

(W. 474 est une variante de ce dernier quatrain.) Même après la mort, le vrai ivrogne ne peut pas renoncer au vin.

A leurs syroposies, les amis survivants doivent retourner la coupe, quand c’est le tour du défunt de boire (W. 234, Bd. 83 ; variation : W. 205, Bd. 84). Les dernières paroles qu’on lui soufHcra à l’oreille, quand il sera sur le point de mourir, rouleront sur le vin et la coupe, et si l’on veut le trouver le jour de la résurrection, on doit chercher dans la poussière sous la porte de la taverne. (W. 6.)

Eh, mes camarades ! donnez-moi de la force au moyen du vin, et donnez la couleur du rubis à ce visage qui ressemble à de l’ambre ! Quand je serai mort, lavez-moi dans le vin, et faites du bois de la vigne les planches de mon cercueil 2. {W. 139, Bd. 69.)

Brot, das ausreieht fur den Tag, dabei MaCe fiinf, auch sechs, von altem Weine ! Also.selig sieben Tage lang

Siirach ich Hohn dem Paradies, dem achten etc. 1 Hafiz « balaie de ses cils la porte de la taverne » (7, 3).

Pour

les idées sûfiques des deux mondes, v, p. 70. Cette expression était commune dans la théologie des parses, elle se trouve déjà dans les plus anciennes parties de l’Avesta (le Yaçna 28, 2). Le mépris des « deux mondes » est une des pensées qui reviennent le plus fréquemment dans la poésie mystique et dans celle qui est influencée du mysticisme. Nâ.sir Hui^rau dit {Saddatnâme v. 6) : « Dieu t’a choisi pour t’élever au dessus des deux mondes ». Dans le Manfiq-cffair’Attâr nous parle d’un Arabe qui allait en Perse et y trouvait une maison de qalandars ; là il vit « une poignée de buveurs (rindcin) sans tête et sans pied, qui avaient joué les deux mondes, et qui ne disaient mot » (v. 3408 sqq.). Hâfiz (492, 5) : « .Je suis un esclave du désir des buveurs sans tête et sans pied, pour qui les deux mondes ne valent pas une seule paille ». ’ Nous trouvons de telles idées déjà chez les anciens poètes arabes. Abu Mihgan at-Taqafi, qui vécut au temps de’Omar I, a écrit un vers que M. Goldziher rend ainsi en allemand : Wenn icb sterbe, so begrabe mich an die Seite eines Weinstocks, damit iiiein Gebein noch nach meinem Tode von seinem Safte sich sattigen kôune.