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28 Première Partie.


scrit ne date que de 1461 — à peu près trois siècles et demi après la mort de ’Omar ; 2° que le nombre des quatrains varie tant dans les différents textes. En général, un accroissement continuel du nombre des quatrains est visible : le plus ancien manuscrit n’en a que 158, et ce n’est que dans les 18® et 19® siècles que des textes contenant entre 700 et 800 apparaissent. Nous voyons aussi à chaque réimpression de l’éd. Lucknow une tendance vers l’accroissement. On pourrait en conclure que le ms. Bodl. fût le plus proche de l’original inconnu, et que le nombre des quatrains, originellement assez petit, fut augmenté peu à peu par des interpolations. Mais si le nombre s’est accru de 158 à 801 pendant environ 300 ans, on pourrait supposer qu’il eût augmenté considérablement pendant les 338 ans qui séparent la rédaction du ms. Bodl. de la mort de ’Omar, et combien en resterait-il alors à attribuer à ’Omar ? De plus, nous trouvons, un siècle à peine après le ms. Bodl,, un manuscrit (ms. de Bankipour) contenant 604 quatrains. Il n’est pas à croire que ’Omar ait écrit beaucoup moins que les 158 quatrains, et nous ne pouvons pas non plus supposer que les Rubā’iyāt se soient maintenus presque intacts pendant trois siècles et demi pour se quadrupler tout à coup. Il ne reste que cette hypothèse, que le ms. Bodl. soit un extrait comme p. ex. Suppl. Pers. 826 qui ne contient que 75 quatrains. — Un divān se transmet passablement intact, un recueil de rubā’is est bien plus exposé à subir un traitement arbitraire, parce que ces petites poésies étaient souvent citées ; les copistes en savaient des milliers par cœur, et les fixaient souvent sur le papier de mémoire : quoi d’étonnant qu’ils confondissent quelquefois les auteurs ? Qu’on examine les différents mss. et éditions d’un même divān qui se termine par des rubā’iyāt : le texte A contient peut-être deux fois autant de rubā’is que le texte B, et néanmoins, B en peut avoir quelques-uns qui ne se trouvent pas dans A.

Voilà ce qui explique l’état maltraité où nous trouvons les Rubā’iyāt de Omar Hayyām. Ce recueil peut avoir été