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Caract«’re national et vie littéraire. 43

Les portraits i(,lôalisrs des Perses que nous trouvons tant de fois chez les auteurs grecs et romains, les déclamations sur leur véracité, leur gratitude et leur justice sont le retlet du penchant pour moraliser propre aux Iraniens. Car ces gens-ci ont eu des idées très exactes sur ce cju’il faut faire et ne pas faire pour être un modèle de vertu. Dans

les traités théologicjues en langue pelilevie, des maximes morales sont mêlées aux propositions dogmatiques, aux liturgies, aux légendes, et il nous reste en outre plusieurs écrits pehlevis d’un caractère purement moral, les andari) qu’on attribue à d’illustres personnes, à Husrau Nusirvân, au ministre Buzurgmilir, au grand prêtre Atûrpât-ï Maraspendân. En langue persane il existe toute une littérature d’adâb, c. -à -d. de catéchismes de vertu et de bonnes mœurs, élucidés par des fables et des anecdotes.

Les Persans se délectent toujours à ces lectures édifiantes, ils en sont émus jusqu’aux larmes — et oublient de s’y conformer.

La supériorité du peuple iranien sur les autres peuples de l’Orient consiste plutôt dans des qualités intellectuelles que dans des qualités morales : les Iraniens sont vifs, éveillés, capables de s’assimiler à toutes sortes d’idées ; pourtant la faculté de penser logiquement leur fait défaut’. Ils ont, de

plus, le don heureux de la résignation. Ils aiment le faste

et la vie luxueuse, mais si la misère survient, ils savent la prendre en patience et souffrir bravement, ce qui les expose, d’autre part, à tomber dans une apathie paralysante. Les deux côtés principaux du caractère national des Iraniens sont l’amour de la jouissance et l’amour de lu méditation philosophique et religieuse, et ces deux côtés ont trouvé, dans toutes leurs formes variées, des expressions poétiques.

C’est, d’une part, une poésie sensualiste, légère, pleine de mots picjuants et spirituels, célébrant le vin et l’amour, raillant les bourgeois, les bigots et les hypocrites, d’autre part, une poésie métaphysique et morale, respirant une émo-Polak : Persien, I. p. 11 .