Page:Reclus - Étude sur les dunes, 1865.djvu/29

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d’Arcachon ; des pins, des chênes, des plants de vigne étaient en parfaite croissance, et l’ensemencement d’un hectare n’avait pas coûté plus de 200 francs. La possibilité d’arrêter la marche des dunes à peu de frais était absolument démontrée.

Au commencement du siècle, l’œuvre interrompue fut reprise, et depuis quelques années les travaux sont à peu près terminés. Les dunes, désormais fixées, enrichissent les contrées qu’elles menaçaient autrefois d’engloutir, et, par suite de la valeur croissante des pins et de leurs produits, c’est par centaines de mille francs[1] qu’il faut maintenant compter l’accroissement annuel de la fortune publique sur le littoral. Le moyen de salut appliqué par Brémontier est devenu pour les Landais une cause de prospérité. En même temps, bien des résultats heureux, auxquels on ne pouvait s’attendre d’avance, ont été obtenus. Le sable, garanti des rayons du soleil par l’ombrage des pins, produit des herbes qu’on utilise pour la litière et l’alimentation des bestiaux. Les lèdes, ou vallées intermédiaires des dunes, qui pendant six mois de l’année étaient transformées par les eaux de pluie en d’infranchissables fondrières, ont été assainies sans l’intervention de l’homme, grâce aux millions de racines pompant incessamment l’humidité des sables. La surface des vastes étangs situés à la base orientale des dunes s’est également abaissée pour fournir aux arbres de la forêt l’eau nécessaire à leur croissance. En outre,

  1. La valeur estimée des forêts des dunes landaises est de 25 millions, soit de 600 francs l’hectare.