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Page:Reclus - Correspondance, tome 1.djvu/147

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À sa Mère.


Riohacha, 14 octobre 1856.
Bonne et chère maman.

J’ai éprouvé une joie bien vive quand, à mon retour de la Sierra Nevada, j’ai trouvé une charmante lettre qui m’attendait : c’était la première nouvelle d’Europe depuis huit longs mois, et mon absence me semblait presque une mort anticipée. Toutes les lettres expédiées précédemment se sont perdues, mais que cela ne t’empêche pas de me faire parvenir de tes nouvelles, car, maintenant, je suis connu à la poste de Sainte-Marthe et le consul français, qui est un brave jeune homme, m’a promis de veiller sur mes intérêts. Écris donc toujours ! Chacune de tes lettres est un peu de sang nouveau dans mes artères.

Tu me demandes quelques détails sur Riohacha, pauvre petite ville qui ne mérite guère l’honneur que tu lui fais. C’est une capitale de province, c’est vrai, et pourtant les maisons sont presque toutes en bois et, sauf dans les deux ou trois belles rues, les toits sont encore de pauvres toits de palmes. À l’exception de six,