étaient franchement italiens, garibaldistes, anti-autrichiens, et tous protestaient l’avoir été, avant et pendant aussi bien qu’après la guerre. La grande accusation qu’ils portent contre Bismarck est non pas d’avoir troublé le repos du grand Schnarcher[1], mais d’avoir trahi la cause italienne. Partout où je suis entré en conversation, ce sentiment-là s’est manifesté avec une telle unanimité que je n’ai pu m’empêcher de croire à sa sincérité. Les journaux sont tellement habitués à tirer leurs inepties des régions officielles, ils en sont venus à ignorer tellement le peuple qu’ils n’ont plus aucune idée du courant de l’opinion publique. Ils nous disaient que le nord de l’Allemagne se prononçait pour le saint empire Romain et l’asservissement de l’Italie, et ce nord de l’Allemagne ne se composait que du prince régent et du parti des chevaliers.
Bien que les Allemands du nord aient vu clair dans cette affaire de l’Italie, ce n’est pas une raison pour que j’espère le moins du monde un mouvement sérieux de leur part dans le sens de la liberté. Ils voient parfaitement ce qui est bien, mais ils ne le font pas ; pour eux l’Autriche et Napoléon sont l’hyène et le chacal ; la bureaucratie, une bande de vautours ; le Bundestag, le Zollverein, de vieilles chaînes baroques. Ils le voient et ils en rient, mais ils obéiront toujours, car ils aiment la servitude. Il y a tant de noblesse, tant de générosité, tant de biederkeit[2] à faire hommage à un roi idiot[3]