Guide des Pyrénées est à peu près terminé, et maintenant j’ai à faire la partie la plus ennuyeuse du travail ; c’est-à-dire à revoir le manuscrit, à corriger les épreuves par trois et quatre fois, à effacer, ajouter, retrancher. J’espère que j’aurai fini vers la fin du mois et que l’ouvrage paraîtra vers le 15 juillet. J’aurai alors un peu de répit pour aller jouir de la belle verdure. Un petit voyage me fera certainement du bien : maintenant je suis tellement habitué au mouvement que je dépéris quand je reste au même endroit, le changement d’horizon est devenu un besoin pour moi.
Dernièrement j’ai lu devant les membres de la Société de Géographie un travail qui a paru faire plaisir, du moins le Président s’est cru obligé de m’adresser des félicitations. Je vais continuer à lire pendant quelques séances. Quand j’aurai 72 francs de reste, je me ferai admettre au nombre des membres afin de jouir de la magnifique bibliothèque et des superbes cartes de la Société.
Il est très probable qu’Élie va passer du bureau du Contentieux dans celui des Chemins de fer autrichiens où il aura moins de fatigue, de meilleurs appointements et un chef de bureau beaucoup plus agréable. Ce changement dans sa position aura probablement lieu au mois d’août, et mon frère pense qu’en même temps il pourra obtenir un congé pour aller faire un petit voyage avec moi. Il est certain que, par simple devoir d’hygiène, il faut quitter Paris au moins pendant un mois.
Nous t’embrassons ainsi que notre père. Salut à toute la famille et aux amis.