cache avec mystère ; ensuite on les cherche inutilement et on ne les retrouve plus.
N’importe, chère sœur ; vous accueillerez Élisée taciturne avec autant de tendresse et de joie que vous pourriez accueillir un Élisée bavard et, pour ma part, je n’aurai pas besoin d’avoir la parole aux lèvres pour vous témoigner mon affection et me sentir heureux auprès de vous. Déjà loin de Paris, je me sens si profondément ému en pensant à notre doux intérieur, je savoure tellement nos petites joies de famille et je souffre tant de tous nos chagrins communs…
Ardouin vous a raconté la première partie de notre voyage, nos promenades à Nice, notre odyssée de la Corniche, nos visites aux palais de Gênes. La vue de toutes ces belles choses nous a fait beaucoup de plaisir : j’ai singulièrement joui de me trouver en présence de toutes ces merveilles de l’ancien art italien, de tous ces palais à colonnades, de ces fresques, de ces tableaux qui témoignent d’un si haut degré de prospérité et de grandeur dans l’ancienne république génoise. Ce n’était point un peuple de laquais que celui qui pouvait accumuler dans un si petit espace tant de grandes œuvres. Mais ce qui me réjouissait partout et me permettait d’admirer tout à mon aise, c’est que je pensais parfaitement qu’une nouvelle ère de renaissance a commencé pour Gênes. Elle se relève, elle s’agite, son peuple se développe, les journaux et les livres se montrent partout ; les curés et les moines, qui formaient autrefois le dixième de la population, ne se montrent plus que çà et là et sous un aspect rechigné ; un nouvel esprit, plus généreux que celui de l’ancienne république aristocratique commence à souffler. Les impressions