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Page:Reclus - Correspondance, tome 1.djvu/9

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Mentionnons d’abord « le grand drame » qui décida brusquement le sort des enfants et détermina toute leur vie ultérieure. Le pasteur Reclus était alors titulaire d’une petite église, à Montcaret, près de Sainte-Foy-la-Grande, dans la plantureuse vallée de la Dordogne ; en même temps, malgré sa jeunesse, il avait été choisi par ses pairs comme président du Consistoire ; en outre, ses études classiques l’autorisaient à donner quelques leçons. Tous le considéraient fort, non seulement à cause de son mérite réel, mais surtout à cause de la position acquise, de ses relations de parenté, des hautes ambitions qu’on lui prêtait, et qu’il eût pu réaliser, s’il l’avait voulu. Mais le pasteur Reclus n’était pas un homme ordinaire, se contentant de vivre selon le monde : il eut l’étrange fantaisie de vouloir vivre selon sa conscience.

Or cette conscience était alors fort tourmentée par les scrupules. Elle se demandait si un ardent apôtre de ce Christ « qui n’avait pas même une pierre où reposer sa tête » avait bien le droit de s’acheminer par un traitement vers le bien-être et la richesse : elle se demandait aussi s’il n’y avait pas eu crime d’infidélité à recevoir une place, un traitement de l’État, c’est-à-dire du pouvoir temporel, alors que toute mission