Page:Reclus - Correspondance, tome 3.djvu/206

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ainsi en proportion toujours croissante les ressources que possède l’humanité.

Quoique vous fassiez appel au cadastre, il s’en faut de beaucoup qu’un hectare ou un hectare et demi suffise à l’homme primitif, chasseur, éleveur de bétail, ou même agriculteur : cette petite étendue de terrain ne suffit qu’à la condition d’être complétée par le machinisme, charrue, herse, moissonneuse, batteuse, locomotive pour le transport, navire en cas de disette locale, etc., etc. Faudrait-il nous priver de ces engins et revenir aux incertitudes d’autrefois, alors que cent, mille hectares d’où le gibier s’était enfui, ne suffisaient pas à une seule famille de Peaux-Rouges ? Je n’ajoute qu’un mot : vous me parlez d’« anarchistes quelque peu désabusés ». Je dois vous dire, cher camarade, que je ne comprends pas cette situation d’esprit. L’anarchiste ne peut, à aucun prix, et dans aucune circonstance, croire à la vertu de l’autorité ou à l’utilité de l’injustice ; il ne peut échapper à la logique de ses idées, quelles que soient d’ailleurs leurs chances immédiates de réalisation, suivant l’ancienne parole : « Rien ne peut prévaloir contre la vérité ».

Très cordialement à vous,
Élisée Reclus.