Page:Reclus - Examen religieux et philosophique du principe de l’autorité.djvu/21

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XXV. Les lois politiques et civiles, comme autorité de fait, auront leur sanction de fait. C’est pour cela que le bourreau fermait le cortège du roi. C’est pour cela que l’Etat en appelle à la prison et à la guillotine.

Selon l’autorité absolue, l’Église et l’État sont frère et sœur, et toutes les religions donnent la condamnation éternelle pour raison dernière de leur dogme. Si bien que les croyants, qui attachaient Arnold de Brescia et Michel Servet sur le bûcher et y soufflaient la flamme, disaient : S’il est juste que Dieu fasse brûler l’hérétique durant toute l’éternité, il est de notre devoir de le faire dors et déjà brûler dans le temps. La dernière formule religieuse est celle-ci : Aime Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée, ou il t’enverra dans l’étang ardent de feu et de soufre.


Résumé.

XXVI. L’homme sait maintenant à quoi s’en tenir. La terre n’est qu’un des ténébreux satellites d’un astre obscur, qu’un atome dans la poussière lumineuse que soulève autour de lui le dix-millionième de ces soleils bleus, verts ou rouges, qui cherchent quelque constellation radieuse dans les champs sans bornes de l’espace.

Perdu sur cette terre, qui lui semble si grande, perdu comme l’infusoire dans la goutte de rosée tremblant au bout d’une paille, qu’est-ce qu’un homme dans les peuples de l’humanité, dans les générations du passé, du présent et de l’avenir ?

C’est la goutte ballottée d’un flot de la mer à l’autre flot,